En tant qu'associations de terrain et survivantes de la prostitution, agissant aux côtés des personnes prostituées, et associations de lutte contre toutes les formes de violences sexuelles et sexistes, nous sommes témoins de la violence que les personnes prostituées et victimes de la traite des êtres humains subissent au quotidien et des conséquences éminemment destructrices de cette activité sur leur santé physique, psychique et sexuelle. Sous quelque forme que ce soit, nous constatons à quel point la marchandisation du corps humain est une atteinte fondamentale aux droits et à la dignité humaine.
Pour construire une société ambitieuse d'égalité entre les femmes et les hommes, respectueuse de toutes et tous, protectrice des personnes les plus vulnérables et discriminées, nous vous proposons de vous engager à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel en soutenant les 5 priorités suivantes et les 16 recommandations qui en découlent.
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Les 27 et 28 avril 2024, des femmes venues de toute la France se sont retrouvées pour passer une journée ou tout un week-end à la Maison Familiale et Rurale de Rambouillet. Ce fut l’occasion d’une pause à la campagne pour partager des moments d’engagement et de sororité.
Une volontaire en service civique de la Fondation Scelles a pu participé à 3 ateliers lors de la première journée :
Ces ateliers ont été choisis parmi une large sélection. L'écologie, la maternité et le désir d'être mère ou non, tout comme la constitutionnalité de l'IVG sont des thèmes qui ont été abordés par celles qui le désiraient. Des sujets également plus politiques ont été discutés comme l'islamophobie ou encore l'utilisation du droit du travail pour faire valoir les droits des femmes.
Merci à toute l'équipe d'OLF, aux intervenantes et aux bénévoles pour cette journée plus que passionnante et merci à toutes les femmes présentes pour cette bienveillance et cette sororité !
https://osezlefeminisme.fr/feministcamp-weekend/
C'est l'histoire d'une femme battue, de sa vie contrôlée, de son corps dépossédé.
Violences conjugales, patriarcat et sexisme dans l'Italie d'après-guerre, ce film italien de Paola Cortellesi nous rappelle bien les mécanismes de l'emprise et les discours employés par les agresseurs. Mais c'est aussi l'histoire d'une mère qui rêve d'un avenir meilleur pour sa fille et qui redoublera d'efforts pour elle. Un témoignage d'émancipation et de sororité !
Enfin, c'est l'histoire des femmes de l'époque post-fasciste privées de leur voix... jusqu'au jour où elles seront entendues pour la première fois !
Ce sublime film a fait tristement écho à une affaire arrivée au même moment en Italie, celle d'un féminicide d'une jeune étudiante de 22 ans par son ex-compagnon. Cette sordide affaire a suscité partout de grands débats sur le poids de la violence patriarcale dans le pays et a amplifié l'impact du film.
La lutte continue.
>>> https://www.ceancoradomani.ch/fr
L'application web #SEXPLOITED se développe !
Grâce à la géolocalisation, #SEXPLOITED permet aux personnes en situation de prostitution de savoir où et comment contacter les structures près d'elles pour leur apporter l'aide et l'accompagnement dont elles ont besoin.
Dans le courant de l'été 2024, #SEXPLOITED sera doté d'un nouvel onglet uniquement dédié à la prise en charge des mineur·e·s et à leur accompagnement. Cet onglet sera aussi disponible en 10 langues, recensant des structures en métropole et dans les territoires ultra-marins !
Accessible sur téléphone, tablette ou ordinateur #SEXPLOITED est une aide à portée de main, facile d'utilisation, à tout moment, pour tou·te·s professionnel·le·s qui accompagnent les personnes en situation de prostitution !
>>> https://www.sexploited.org/
Le 25 mars dernier, la Fondation Scelles organisait une table ronde consacrée à la lutte contre les différentes formes de cyberproxénétisme. Placée sous les auspices de la Mairie de Paris qui nous accueillait dans ses locaux du QJ, la rencontre a permis la confrontation des expériences : celle de la police, avec Lenaïg le Bail, cheffe de l'OCRTEH, celle du travail social avec Constance Bénit, de l'Amicale du Nid, en charge des maraudes numériques, celle de la société civile avec Arnaud Gallais, cofondateur de MouvEnfants et ancien membre de la CIVIISE.
A l'issue de ce temps d'échanges, la Fondation Scelles, en partenariat avec l'Ecole nationale de la Magistrature, a remis les prix du meilleur réquisitoire, dans le cadre des Prix Jeunes 2023-2024:
"Que personne ne soit leurré par l’appellation d’escorting dont s’affuble le site Sexemodel. (…). On ne vend pas de la compagnie, on vend des corps, on vend des femmes, on vend des enfants, on vend de l’exploitation sexuelle".
Noémie Metzger
« Ce nouveau mode d’exploitation sexuelle porte un nom : le cyberproxénétisme. Il représente aujourd’hui deux tiers de la prostitution en France et c’est le vecteur principal de la prostitution de nos enfants (…) Qui oserait dire que Noémie est une victime virtuelle ?".
Agathe Batel
>> Site des Prix Fondation Scelles
A Herblay, en janvier derniers, 6 hommes de 24 à 35 ans ont été placés en garde à vue avant d’être déférés en vue de leur procès à venir pour avoir sollicité une mineure de 12 ans. 12 ans… Après être entrés en contact avec la victime via le site sexemodel avant de la rencontrer dans deux hôtels d’Herblay. Repérés, identifiés, interpelés.
A Valenciennes, onze hommes étaient également poursuivis pour recours à la prostitution d’une mineure de 14 ans après être entrés en contact avec elle via Snapchat et Coco.fr. Onze hommes entre 25 et 65 ans. Onze hommes (11 seulement sur 54 comptes identifiés) qui ont récité, à la barre, la longue litanie des excuses des agresseurs que nous entendons à longueur de stage de « lutte contre l’achat d’actes sexuels » depuis 7 ans. Toujours les mêmes. Futiles. Des déguisements de « prostitueurs » pour se dédouaner et ne pas assumer sa responsabilité : mes besoins sexuels, ma maladie, un décès familial, le stress au travail, c’est elle qui est venue vers moi etc… une atteinte sexuelle ou une agression sexuelle, ou un viol… ce n’est pas un jeu. Ça a toujours des conséquences pour les personnes qui les subissent. Majeures ou mineures. Les traumas ne s’arrêtent pas à la frontière de l’âge.
Dans les deux affaires, rappelons, encore une fois, la circonstance aggravante prévue par le code pénal : tout acte sexuel, tarifé ou non, avec un mineur de moins de 15 ans est considéré comme un viol et passible de 20 ans d’emprisonnement et de 3 millions d’euros d’amende. Oui mais voilà, si l’affaire d’Herblay n’a pas encore rendu son verdict, l’affaire de Valenciennes elle, ayant été correctionnalisée, seule l’agression sexuelle sur mineur de 15 ans a été requise par le parquet. Pas de viol donc.
Mais peut-il réellement y avoir, dans ce contexte, une prise de conscience de la gravité des faits si les sanctions ne sont pas à la hauteur des qualificatifs prévus ? Comment croire que la tendance va s’inverser ? Il n’y a pas que la réputation de ces hommes qui est en jeu, mais la reconstruction d’une victime. Cette reconstruction prendra elle assurément bien plus que les 24 mois dont dix-huit avec sursis que risquent ces adultes à l’issue du verdict.
Après 8 ans de mise en œuvre de la loi de lutte contre le système prostitutionnel du 13 avril 2016, la Ministre Aurore Bergé a présenté jeudi 2 mai une stratégie interministérielle visant à améliorer son application : une phase 2 de la loi que les associations qui accompagnent les personnes en situation de prostitution réclamaient depuis plus de 3 ans[1]. Elle a associé quatre survivantes qui ont témoigné de leurs parcours et ont exprimé leurs attentes quant à cette stratégie[2].
Les dispositifs prévus par la loi font leurs preuves : les démantèlements de réseaux proxénètes augmentent, les personnes qui ont bénéficié d’un parcours de sortie de la prostitution (PSP) s’insèrent durablement, les demandes de prévention en direction des jeunes sont plus nombreuses, la prostitution des mineur·es est devenu un véritable sujet de préoccupation des professionnel·les et des institutions, la pénalisation des « clients » prostitueurs fonctionne.
Mais nos associations de terrain constatent aussi que ces dispositifs sont insuffisamment mobilisés : moins de 1500 personnes ont bénéficié d’un PSP, les personnes étrangères ont de grandes difficultés à accéder au séjour, la pénalisation des clients est mise en œuvre de façon anecdotique, dans un contexte où tous les acteurs constatent une augmentation du phénomène prostitutionnel notamment chez les mineur·es et jeunes majeur·es.
Nous saluons la volonté de Mme Aurore Bergé de mettre le projecteur sur cette question, d’avoir une parole publique qui rappelle que la prostitution est une violence sexiste et sexuelle et un obstacle à l’égalité, et d’engager le gouvernement à mieux mettre en œuvre la loi sur tous ses volets et sur tous les territoires. C’est primordial. Nous saluons le travail de l’OCRTEH[3] qui améliore la considération apportée aux victimes dans les procédures judiciaires pour proxénétisme ou traite aux fins d’exploitation sexuelle, ainsi que l’intégration de l’ancien plan dédié à la lutte contre la prostitution des mineur·es dans cette stratégie. Et nous sommes satisfaites de voir le rétablissement de l’accès pour les personnes en situation de prostitution à l’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences.
Toutefois les associations constatent depuis plusieurs années la faiblesse de l’engagement des ministères de l’Intérieur et de la Justice – Ministres représentés mais absents à l’annonce de cette stratégie. En préfectures, le ministère de l’Intérieur considère les personnes prostituées étrangères trop souvent comme des immigrées irrégulières, et non comme des victimes de violences sexuelles à qui l’Etat doit protection et assistance. Et ceux qui abusent d’elles ne sont que trop peu inquiétés. Seule la volonté de ces ministères à agir pourra diminuer le nombre de victimes de la prostitution de manière significative. Nous veillerons à ce que les mesures prévues dans cette stratégie soient effectives.
Nous regrettons l’absence de moyens supplémentaires pour augmenter le nombre de Parcours de sortie de prostitution. L’allocation financière prévue pour les personnes qui en bénéficient n’est pas revalorisée et reste à 342€ par mois, C’est indigne ! L’autorisation de séjour déjà précaire n’est pas améliorée, la mise en sécurité des femmes et des filles, notamment étrangères mais aussi des mineur·es et jeunes majeur·es, est insuffisante…
Lorsqu’elle a été adoptée, la loi de 2016 visait à un changement d’échelle significatif, à savoir permettre la diminution sensible du nombre de personnes en situation de prostitution, en leur proposant des alternatives crédibles. Et lutter contre les réseaux et les proxénètes en tarissant leur source de revenus qui ne provient que de ce que dépensent les clients prostitueurs. La volonté politique affichée dans cette stratégie devra se concrétiser dans des résultats chiffrés. Les marges de progrès sont énormes.
>>> PLAN DE LUTTE CONTRE LE SYSTEME PROSTITUTIONNEL (PDF)
[1] Rapport FACT-S, 2021, https://www.fact-s.fr/#rapport-2021
[2] Podcast La Vie en Rouge, https://smartlink.ausha.co/la-vie-en-rouge
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