Un univers de violences
La prostitution est un monde violent, un monde « où il faut constamment être sur ses gardes, où on apprend à vivre avec la peur, donc la peur devient un mode de fonctionnement » disent les personnes prostituées. Le danger y est constant. La violence sous toutes ses formes, de l'insulte à l'agression physique la plus grave, peut intervenir à n'importe quel moment et venir de n'importe qui : un passant, une autre prostituée, une bande de jeunes, un client, le proxénète...
Des chercheurs canadiens ont montré que les personnes prostituées couraient entre 60 et 120 fois plus de risques d'être battues ou assassinées que le grand public et qu'elles connaissaient un taux de mortalité 40 fois supérieur à la moyenne nationale. Dans une étude australienne (où l'exercice de la prostitution est légalisé), 81% des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des sévices sexuels pendant l'exercice de leur activité. A Glasgow, 94% des personnes prostituées de rue interrogées ont subi une agression sexuelle, 75% ont été violées par un client.
La peur des représailles, les menaces exercées sur la famille, le poids du remboursement de la dette, la surveillance et le contrôle permanents sont autant d'éléments de pression à disposition des trafiquants et des proxénètes. Du côté du client, la pression ou la ruse mise en jeu pour obtenir un rapport non protégé, ou pour ne pas payer (ou payer une somme inférieure à celle demandée) sont autant d'agressions à l'égard de la personne prostituée.
A ces mauvais traitements, tortures et violences psychologiques venant des proxénètes ou des clients, s'ajoute une autre violence, plus symbolique : la stigmatisation et le mépris infligés par la société.