La Fondation Scelles publie sa Revue de l’actualité internationale de la prostitution – édition 2020, soit près de 1.200 articles collectés quotidiennement pendant l’année. Dans le contexte de la crise pandémique et des confinements successifs qu’elle a provoqués dans tous les pays du monde, quelle place les médias ont-ils accordé à la prostitution ? Comment les personnes en situation de prostitution ont-elles traversé cette épreuve ? Quelles évolutions du phénomène les médias ont-ils perçues ? Face à un phénomène évolutif et mouvant comme la prostitution, l’analyse de l’actualité, jour après jour, est l’outil indispensable pour détecter et anticiper les tendances.
Des personnes prostituées jetées à la rue par les bordels qui les exploitent en Espagne et en Allemagne, des personnes prostituées « abandonnées à leur sort », sans papiers et sans abri, « laissées pour compte », en « grande précarité », oubliées des pouvoirs publics… Les personnes en situation de prostitution ont été frappées de plein fouet par la pandémie de la Covid-19. Les confinements successifs et les risques de transmission du virus ont imposé l’arrêt de l’activité prostitutionnelle. Privées de ressources et exposées à la maladie, la dégradation des conditions de vie des personnes en situation de prostitution a été massive, voire violente, en France comme à l’étranger.
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En France :
- « Face au coronavirus, la précarité aggravée des prostituées », Le Monde, 24 mars 2020
- « On parle des femmes battues, des sans-abris mais personne ne parle des prostituées », Ouest France, 7 avril 2020
- « Covid-19 : la détresse des prostitués », La Croix, 7 avril 2020
https://www.la-croix.com/France/Exclusion/Covid-19-detresse-prostitues-2020-04-07-1201088330
- « Les prostituées, victimes silencieuses du confinement », Le Progrès, 10 mai 2020
Ailleurs :
- « Coronavirus : les prostituées du Paradise à La Jonquera jetées à la rue », France TV Info, 3 avril 2020
- « Thaïlande : Le monde de la prostitution, une victime collatérale », Le Temps, 5 avril 2020
https://www.letemps.ch/monde/thailande-monde-prostitution-une-victime-collaterale
- « En Belgique - Précarité et violence : le monde de la prostitution souffre de la crise sanitaire », Le Vif, 10 avril 2020
- « Suisse : Précarité et clandestinité pour des prostituées sans revenu », Swiss Info, 14 avril 2020
- « En Colombie, l’enfer du confinement pour les prostituées », L’Obs avec l’AFP, 16 avril 2020
Si, pour certaines, la situation sanitaire a pu être l’élément déclencheur de la sortie de la prostitution, pour la plupart des personnes en situation de prostitution, elle a exacerbé la violence et l’exploitation vécues au quotidien. Et, les médias, peut-être pour la première fois, ont commencé à prendre conscience de cette réalité.
- « Coronavirus : Avec le confinement, l’activité des camgirls explose (mais dans quelles conditions ?) », 20 Minutes, 26 mars 2020
- « Quatre femmes confinées forcées à se prostituer à Avignon », France Bleu, 2 avril 2020
- « Des prostituées appellent la police, leurs proxénètes interpellés », CNews, 7 avril 2020
- « Maroc : Un salon de massage transformé en maison de prostitution en plein confinement », AfrikMag, 19 avril 2020
https://www.afrikmag.com/maroc-un-salon-de-massage-transforme-en-maison-close-en-plein-confinement/
- « Canada : La pandémie comme une porte de sortie de la prostitution », Le Devoir, 9 septembre 2020
https://www.ledevoir.com/societe/585544/coronavirus-une-porte-de-sortie-de-la-prostitution
- « Osaka prostitution ring prospered in pandemic », Tokyo Reporter, 29 novembre 2020
https://www.tokyoreporter.com/crime/osaka-prostitution-ring-prospered-in-pandemic/
Outre les difficultés vécues par les personnes en situation de prostitution, l’arrêt économique engendré par le confinement a partout accru le risque de développement de la prostitution et de la traite pour les populations les plus précaires, parmi lesquelles les mineur·e·s et les jeunes majeur·e·s (les étudiant·e·s en particulier) sont les plus exposé·e·s :
- « Sugar Dating: Sweden sounds the alarm over coronavirus-induced underage prostitution », Sputnik News, 22 mai 2020
- « Children for sale. How the pandemic is forcing poverty-stricken parents to make desperate choices », Telegrah.co.uk, septembre 2020
- « Cameroun : la prostitution des mineures explose malgré la pandémie de Covid-19 », Koaci.com, 2 novembre 2020
- « Ethiopian girls trapped in sex trade as Covid-19 deepens desperation », Thomson Reuters Foundation, 9 novembre 2020
https://news.trust.org/item/20201109000625-vfp1u
- « Covid-19 creating risks for human trafficking crisis, say anti-trafficking leaders from over 50 countries in joint OSCE-Council of Europe meeting », Council of Europe, 5 novembre 2020
- « Why Covid-19 has increased trafficking of children in parts of rural India », ITV.com, 17 novembre 2020
- « The pandemic is fuelling slavery and sexual exploitation, UN experts warn », News.UN.org, 30 novembre 2020
https://news.un.org/en/story/2020/11/1078792
Des mineur-e-s toujours plus en danger d’exploitation sexuelle
En France, en 2020, les affaires de mineur·e·s victimes (mais aussi proxénètes et « clients » prostitueurs) ont été nombreuses : des hommes qui prostituent leurs compagnes ou petites amies mineures/jeunes majeures, des jeunes filles en fugue contraintes à la prostitution, des adolescentes séquestrées et exploitées sexuellement, d’autres vendues pour quelques milliers d’euros, exploitées par des gangs ou des proxénètes à peine plus âgés qu’elles…
La parole commence à se libérer. Des victimes, mais aussi des parents de victimes révèlent la réalité de la prostitution, leur quotidien mêlé d’angoisses, la difficulté d’en sortir… Et, dans le contexte de la publication du récit de Vanessa Springora, Le Consentement (Grasset, janvier 2020) et du scandale des violences sexuelles commises sur des mineur·e·s dans le milieu du patinage artistique (février 2020), ces témoignages prennent un écho particulier.
- « Prostitution de mineurs : A 14 ans, on ne sait pas ce qu’on fait », Le Parisien, 20 janvier 2020
- « Il voyait que j’étais fragile, que j’étais complètement perdue » : Marion raconte l’enfer de la prostitution », France Info, 10 février 2020
- « Nina et Thierry, une fille et son père face à l’enfer de la prostitution adolescente », Marie-Claire, 28 février 2020
- « Allemagne/ Loverboys proxénètes : ‘je croyais qu’il m’aimait’ », Révolution féministe, 2 février 2020
https://revolutionfeministe.wordpress.com/2020/02/01/loverboys-proxenetes-je-croyais-quil-maimait/
- « Prostitution de mineurs : ‘Je me suis autodétruite », Elle, 14 décembre 2020
https://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Prostitution-des-mineurs-Je-me-suis-autodetruite-3893868
La prise de conscience des risques d’exploitation sexuelle auxquels sont confronté·e·s les mineur·e·s est désormais omniprésente et les pouvoirs publics veulent agir :
- « Confinement : une sénatrice alerte sur la prostitution des mineurs », Public Sénat, 27 avril 2020
- « Meaux : la lutte contre le proxénétisme, priorité de la procureure Laureline Peyrefitte », Le Parisien, 27 juillet 2020
- « Différents acteurs s’unissent en Seine-Saint-Denis pour protéger les mineures de la prostitution », Affiches parisiennes, 17 juillet 2020
- « Le gouvernement lance un groupe de réflexion sur la prostitution des mineurs », Le Monde, 24 septembre 2020
Des avancées abolitionnistes dans le monde
Dans le contexte pandémique, le débat autour du statut juridique de la prostitution a repris dans plusieurs pays, y compris des pays qui ont opté pour un modèle réglementariste. Aux Pays-Bas, des voix s’élèvent pour appeler à la pénalisation des clients de la prostitution ; en Allemagne où le plus célèbre bordel a fait faillite, certains appellent à ne pas rouvrir les maisons closes ; à Malte où toutes les régimes juridiques s’affrontent (de la décriminalisation au modèle nordique), mais aussi en Espagne, en Ecosse… :
- « En Espagne, le coronavirus ravive le débat sur la prostitution », Le Monde, 29 août 2020
- « The end of Amsterdam’s red light district? Holland is to consider BANNING paying for sex », Daily Mail, 3 septembre 2020
- « Le Pascha à Cologne : le plus grand bordel de l’Europe en faillite », 50/50 Magazine, 14 septembre 2020
- « German lawmakers call for buying sex to be made permanently illegal », Deutsche Welle, 20 mai 2020
https://www.dw.com/en/german-lawmakers-call-for-buying-sex-to-be-made-permanently-illegal/a-53504221
- « ’Recommandation to legalise prostitution will turn Malta into a hub of sex tourism’, coalition says », Malta Independent Online, 30 août 2020
- « Prostitution during the pandemic: Findings show need for Nordic Model », Dignity, août 2020
https://digitalcommons.uri.edu/dignity/vol5/iss1/7/
- « Scottish Government could make buying sex illegal under radical prostitution plans? », Daily Record, 11 septembre 2020
https://www.dailyrecord.co.uk/news/scottish-news/scottish-government-could-make-buying-22664061
En France, la loi du 13 avril 2016 continue d’être discutée et contestée. La publication de l’évaluation de la mise en œuvre de la loi par la mission interministérielle a mis l’accent sur la trop faible application de la loi, le manque de moyens et l’absence d’impulsion politique. Pourtant, des effets positifs de la loi commencent à être visibles. Dans les tribunaux en particulier, les violences commises sur les personnes prostituées sont enfin entendues par la justice et lourdement sanctionnées :
- « Prostitution : le gouvernement rappelé à l’ordre », La Croix, 23 juin 2020
https://www.la-croix.com/France/Prostitution-gouvernement-rappele-lordre-2020-06-23-1201101393
- « Les failles de la loi prostitution, quatre ans après son adoption », Le Parisien, 23 juin 2020
- « La mission d’évaluation interministérielle de la loi du 13 avril 2016 réclame une impulsion politique, des moyens humains et financiers pour lever les blocages et répondre aux défis », Fondation Scelles, 24 juin 2020
- « La loi adoptée en 2016 souffre dans son application d’un manque de volonté politique », Sud-Ouest, 23 juin 2020
- « Justice – 3 ans de prison pour l’agresseur d’une prostituée », Actu.fr, 10 juillet 2020
- « 30 ans de prison pour le meurtre d’une prostituée transgenre à Rouen en 2016 », Le Monde, 13 novembre 2020
L’industrie pornographique en accusation…
Une des conséquences de la crise sanitaire a été l’augmentation de la consommation pornographique sous toutes ses formes et, souvent, sans limites. Pendant le premier confinement, on a en effet pu observer l’explosion de pratiques manipulant l’image d’enfants (poupées sexuelles) et le développement de sites encourageant des mineur·e·s à créer du contenu à caractère sexuel.
- « Confinement : faut-il s’inquiéter de la hausse du trafic sur Pornhub ? », Courrier international, 25 mars 2020
- « Snapchat and Teen Vogue encouraging teens to create ‘child pornography’ during quarantine », National Center for Sexual Exploitation), Daily Caller, 26 mars 2020
- « Confinement : la fréquentation des site pornographiques a augmenté de 50% », L’Union, 27 mars 2020
- « Australia: Border force officers seizing large number of lifelike child sex dolls ordered online », News.co.au, 29 juillet 2020
- « Covid-19 lockdowns have led to a huge in sex doll sales », Vice.com, 10 août 2020
https://www.vice.com/en/article/7kpmpb/covid-19-lockdowns-have-led-to-a-huge-spike-in-sex-doll-sales
- « Amazon retire des poupées sexuelles de fillettes vendues en ligne », L’Express, 17 août 2020
- « C’est quoi OnlyFans, ‘l’Instagram du porno’ qui cartonne chez les jeunes ? », 20 Minutes, 30 août 2020
En France, des associations féministes obtiennent l’ouverture d’une enquête pour « viols » et « proxénétisme » contre un site bien connu de pornographie : plusieurs personnes ont par la suite été mises en examen pour « traite des êtres humains ». Aux USA, le site PornHub est violemment contesté en particulier à la suite d’une enquête du célèbre journaliste Nicholas Kristof du New York Times « The Children of PornHub (https://www.nytimes.com/2020/12/04/opinion/sunday/pornhub-rape-trafficking.html ) en décembre 2020 : PornHub, accusé d’héberger des sites pédopornographiques sous la contrainte, a dû revoir sa politique de fonctionnement.
- « Jacquie et Michel : le Parquet de Paris ouvre une enquête pour « viols » et « proxénétisme », 20 Minutes, 10 septembre 2020
- « Pornographie : des associations saisissent le CSA pour faire bloquer des sites accessibles aux mineurs », L’Union, 27 novembre 2020
- « MasterCard et Visa suspendent les paiements sur le site pornographique PornHub », Le Monde, 11 décembre 2020
- « Très critiqué, PornHub désactive des millions de vidéos pornographiques », Le Monde, 14 décembre 2020
- « Pornhub needs to change – or shut down », The Guardian, 9 mars 2020
https://www.theguardian.com/global-development/2020/mar/09/pornhub-needs-to-change-or-shut-down
Cette évolution inquiète les pouvoirs publics et les médias ouvrent le débat sur l’idéologie et les pratiques de l’industrie pornographique.
- « Le Sénat adopte une obligation de vérification de l’âge accrue sur les sites pornographiques », Le Monde, 10 juin 2020
« Les méthodes de l’industrie pornographique sont identiques à celles des réseaux de traite des êtres humains », Le Monde, 21 décembre 2020
- « La pornographie, « outil de propagande du patriarcat ? », Libération, 24 décembre 2020