À l'image d'une pièce de théâtre, le roman d'Anne Loyer, est découpé en trois actes suivant chacun la vie de trois générations de femmes liées entre elles.
En 1972, Renée n'a que 18 ans et des ambitions plein la tête : elle vient d'intégrer la Sorbonne avec le désir d'apprendre, de saisir chaque opportunité et, surtout, d'écrire. Elle fait face à une liberté nouvelle, celle d'aimer et de disposer de son propre corps, ceci va être brutalement freiné lorsqu'elle tombe enceinte : le choix ne lui appartient pas vraiment entièrement.
En 1992, sa fille Sylvie a toutes les cartes en main pour réussir, mais ses rêves sont bien éloignés de ceux que Renée fait peser sur elle. Elle devra se libérer des attentes des autres et de celle de la société pour faire éclore ses propres aspirations professionnelles et personnelles.
En 2022, Maxime deviendra le lien entre sa mère et sa grand-mère. Inspirée par ces femmes fortes, elle suivra, elle aussi, son propre chemin en les forçant à voir dans leurs différences une véritable union.
Il s'agit d'une fiction familiale intense, explorant les rêves et les aspirations de femmes confrontées aux pressions sociales et aux attentes des générations précédentes. L'auteure nous emmène dans l'intimité et le quotidien de trois femmes, Renée, Sylvie et Maxime, à des époques différentes mais liées par un désir commun de liberté et d'accomplissement.
En 1972, Renée incarne la rébellion d'une jeunesse post mai 68 qui refuse de se voir dépossédée de son destin. Son désir d'étudier, d'écrire, et de vivre librement se heurte aux conventions sociales et aux attentes familiales. À travers son récit, l'auteure rappelle que les femmes ont toujours dû se battre pour faire valoir leurs droits, leurs choix étant fréquemment limités par les normes oppressives de leur époque.
Vingt ans plus tard, en 1992, c'est Sylvie qui affronte à son tour les attentes imposées par sa famille et par la société. Malgré son talent pour la coiffure et son envie brûlante de devenir mère, elle se sent étouffée par les exigences que Renée lui impose et les stéréotypes de genre qui pèsent sur elle. Pour trouver sa voie, elle devra se libérer des désirs des autres et écouter sa propre voix intérieure et ses envies. À travers le personnage de Sylvie, l'auteure montre que la liberté de choix est une lutte perpétuelle pour les femmes, et qu'il est crucial de défendre ses propres rêves, même lorsqu'ils vont à l'encontre des normes établies.
Enfin, en 2022, Maxime reprend le flambeau de ses aînées, traçant sa propre voie avec l'héritage de sa mère et de sa grand-mère en toile de fond. Armée des souvenirs de leurs combats et de leurs convictions, elle refuse de se plier aux attentes sociétales et revendique sa liberté de choix. Elle s'émancipe visiblement des stéréotypes établies et n'aspire ni à tomber amoureuse ni à fonder une famille. La dernière femme de ce trio est davantage ancrée dans les préoccupations de son époque, telles que le réchauffement climatique, et souhaite agir concrètement pour faire évoluer les choses. L'auteure souligne à travers elle que les femmes peuvent briser les chaînes du passé pour construire un avenir qui leur ressemble, en luttant pour des causes qui leur tiennent à cœur.
Le désir de liberté et la quête de soi habitent chaque page de ce livre, et c'est pourquoi je ne peux que le recommander. Les protagonistes représentent trois femmes emblématiques de leur époque, trois âmes en quête d'indépendance, trois figures féminines d'une beauté singulière. Chacune incarne ses propres doutes, aspirations, et leurs destins s'entrelacent pour former une ode vibrante à la sororité et à la féminité.
"On ne devient parents que lorsqu'un bébé est vraiment désiré. Autrement, la grossesse ne concerne que la femme. Si elle ne veut pas la poursuivre jusqu'à son terme, je ne vois pas au nom de quoi on pourrait le lui interdire. C'est la liberté qui devrait primer. Sa liberté à elle et rien d'autre."
Alexandra Verron