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Lettre ouverte

Depuis quelques semaines, la France fait face à une situation sans précédent. Durant cette période de confinement, l’urgence de la prise en charge des victimes de violences sexuelles est devenue évidente. Nous saluons à ce propos les mesures d’urgence déjà appliquées, notamment pour protéger les victimes de violence domestique et celles qui ont été prises pour prolonger les droits au séjour et les parcours de sortie.

 

Nous demandons :

  • Une aide financière urgente de l’État et le déblocage immédiat des obstacles à l’hébergement ou à la prolongation des titres de séjour quand ils existent pour aider les personnes à sortir de leur situation de précarité et de vulnérabilité 

  • Une vigilance accrue et l’application de la loi contre toutes les formes de proxénétisme numérique et contre tous ceux qui continuent de mettre en danger la vie des personnes en situation de prostitution en les sollicitant.

 

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lettre ouverte en période de confinement : aider les plus fragiles

 

Nous souhaitons attirer votre attention sur d’autres violences sexuelles, particulièrement graves mais trop souvent ignorées : les violences prostitutionnelles. Le système prostitutionnel amplifie les facteurs de vulnérabilités existants et s’en nourrit : en premier lieu, le sexe, mais aussi l’âge, la précarité économique, le statut migratoire et surtout la présence d’abus sexuels antécédents. La demande de prostitution étant le moteur de l’industrie du sexe, la France a adopté une loi en 2016 de pénalisation des clients-prostitueurs. Un volet important de cette loi concerne la mise en place des parcours de sortie pour les personnes en situation de prostitution. À ce titre nous saluons d’ores et déjà les mesures qui ont été prises pour la prolongation automatique des droits au séjour et des parcours de sortie. De nombreuses organisations de terrain restent actives, même à distance. Elles manquent cruellement de soutiens financiers pour faire face à la situation. Nous demandons ainsi une aide financière d’urgence de l’État pour aider les personnes à sortir de leur situation de précarité et de vulnérabilité.

 

Consciente des dangers que peuvent présenter les nouvelles technologies pour les personnes les plus vulnérables, la Fondation Scelles alerte depuis plusieurs années sur le cyber-proxénétisme. Les webcams facilitent l’exploitation sexuelle à distance. Plusieurs sites font office de « bordels en ligne » en toute transparence et impunité. Nous sommes d’autant plus inquiets et inquiètes que les mineur.e.s sont davantage mis.e.s en danger par l’utilisation continue de ces outils en période de confinement.  Si la Fondation Scelles s’engage, de son côté, à mieux connaître et comprendre les ressorts de l’exploitation sexuelle à l’ère du numérique, elle demande aux autorités compétentes d’accroître la vigilance en ligne face à ces risques. Ce n’est pas parce que l’exploitation se dématérialise qu’elle en devient moins nocive. 

 

Nous voulons souligner que notre appel aujourd’hui n’est pas inopportun. Au contraire, les périodes de crise ne font qu’exacerber la précarité des femmes. Seule une lutte efficace contre la demande de prostitution peut empêcher l’abus sexuel des femmes en situation vulnérable. À ce titre, nous demandons le déploiement d’une campagne nationale sur la loi 2016-444 de lutte contre le système prostitutionnel dans l’année à venir : en 2021, la loi aura 5 ans d’existence et la France accueillera le Forum Génération Égalité célébrant les 25 ans de la Déclaration de Beijing. L’audace de cette loi réside dans son potentiel normatif. Les multiples stages de sensibilisation pour les clients-prostitueurs animés par la Fondation Scelles et Rosen Hicher, survivante de la prostitution, avec les associations socio-judiciaires APCARS et ARS95, montrent bien que l’objectif premier de cette loi est de changer drastiquement et durablement les mentalités. Alors qu’aujourd’hui la loi a 4 ans d’existence, nous notons qu’un discours de désinformation sur celle-ci et des stéréotypes sur la prostitution sont amplement relayés. La période de confinement a pourtant bel et bien démontré qu’il est possible de réduire la demande de prostitution. Même, avec une volonté politique claire, cela peut être fait du jour au lendemain. La prostitution n’est ni un travail, ni du sexe. Elle n’est ni nécessaire, ni inévitable. C’est avant tout l’accès à un travail digne et de réelles opportunités économiques qui permettront de diminuer le risque prostitutionnel et faciliteront la sortie du système prostitutionnel.

 

Yves Scelles,
Président de la Fondation Scelles

 

 

La Fondation Scelles dans la presse

  • (ES - Milenio) El ser humano no está a la venta
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