Le 3 septembre, Rosen Hicher, survivante de la prostitution et militante abolitionniste, entamera sa marche de Saintes à Paris. Un parcours de 743km pour appeler à la mobilisation contre l'exploitation sexuelle. Rencontre à quelques jours du départ.
Quel sens veux-tu donner à cette initiative ?
La proposition de loi sur le système prostitutionnel a été adoptée par l'Assemblée nationale en 2013, elle est maintenant entre les mains du Sénat. Il faut que le texte soit inscrit à l'ordre du jour des débats et que cela avance.
Après 5 mois d'auditions, la Commission spéciale du Sénat chargée d'examiner la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel s'est prononcée contre la pénalisation du client de la prostitution.
La commission va ainsi à l'encontre du vote en première lecture de l'Assemblée nationale de décembre dernier, mais aussi des avis favorables rendus par le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes et par la Commission des droits des femmes du Sénat.
La Fondation Scelles déplore ce recul.
A l'heure où le Sénat est en passe de se prononcer sur la loi votée au Parlement à une forte majorité, en décembre dernier, la Fondation Scelles se souvient de Ginka. Au cours de cette journée du 22 novembre 1999, un client poignardait à de multiples reprises cette jeune prostituée de 19 ans originaire des Balkans. Pour lui voler son sac parait-il. Le corps de Ginka avait été retrouvé peu après les faits, sur un vieux matelas, près d'une déchetterie.
« Les victimes de la traite "sont "produites" à peu de frais dans des pays pauvres et/ou en proie aux conflits armés ou aux guerres civiles, et importées sur les marchés les plus porteurs en termes de marge réalisée", note le document. "Achetées parfois seulement quelques euros", elles rapportent "une moyenne de 150 000 euros net par an dans les pays occidentaux", insiste la Fondation. "Si on multiplie ce chiffre par 2,5 millions, qui est l'estimation de l'ONU sur le nombre de victimes de la traite des êtres humains (dont 85 % victimes d'exploitations sexuelles), ça commence à faire de l'argent en ne parlant que la prostitution en réseau", note Yves Charpenel, Président de cette Fondation. »