Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes est traditionnellement le moment d’un état des lieux, d’un tour d’horizon des progrès ou des reculs des questions liées aux femmes (lutte contre les discriminations, accès à l’égalité, l’éducation, la santé…). Mais quels espoirs nourrir en ce 8 mars 2022 à la lumière des récents bouleversements du monde ?
Depuis des années, les femmes ouïghoures subissent des tortures et des violences sexuelles dans les camps chinois, à la quasi-indifférence des instances internationales.
Eté 2021, le retour au pouvoir des Talibans a marqué l’effondrement des droits (naissants) des femmes afghanes, désormais enfermées et plongées dans l’esclavage sexuel des mariages forcés .
Aujourd’hui, la guerre ravage l’Ukraine. Des femmes s’engagent pour participer à la résistance de leur pays. D’autres partent pour assurer la protection de leur famille. D’autres encore endurent les bombardements russes dans la peur et l’angoisse, terrées dans des caves. Pour toutes, on le sait, la guerre sera aussi synonyme de violences et d’exploitation sexuelles.
Dès le 4 mars, le ministre ukrainien des Affaires étrangères alertait sur les nombreux cas de viols commis par des soldats russes. Des témoignages dénonçant de tels faits à Kherson, la première ville ukrainienne tombée entre les mains des Russes, commencent à nous parvenir : « [Les soldats russes] ont déjà commencé à violer nos femmes. L’information vient d’individus que je connais personnellement. C’est arrivé à une jeune fille de 17 ans et ils l’ont tuée », raconte une habitante de Kherson à CNN.
Déjà plus d’un million et demi de personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont trouvé refuge dans les pays limitrophes. Déjà les trafiquants et les proxénètes affluent sur ces zones frontalières pour exploiter l’extrême détresse de ces femmes en fuite et répondre à une « forte demande » : le jour même de l’invasion russe, les termes de recherche « Ukrainian girls » et « Ukrainian porn » explosaient sur les sites de pornographie.
Et la guerre, après la crise de la Covid, met douloureusement en lumière une autre forme d’exploitation et de marchandisation du corps des femmes : la Gestation Pour Autrui (GPA). Les médias s’attendrissent sur ces couples venus du monde entier en Ukraine pour récupérer « le bien qu’ils ont payé », leurs bébés et leurs embryons. Mais qui parle des mères porteuses ? Ces femmes, qui, pour beaucoup d’entre elles, ont déjà fui la violence de la guerre du Donbass, sont aujourd’hui parquées dans des abris aménagés par les agences qui les emploient, contractuellement privées de toute liberté de mouvement. Que deviendront-elles avec leurs nouveaux-nés dans les jours et les semaines à venir ?
Que souhaiter alors en ce 8 mars, supposé célébrer les progrès de la cause des femmes dans le monde ? Nous appelons les instances internationales à prendre toutes les mesures pour assurer la protection des femmes et filles attaquées dans leur liberté, leur dignité, leurs droits, qu’elles soient afghanes, ouïghoures ou ukrainiennes. Car, à travers elles, ce sont les femmes du monde entier qu’on attaque.