Le point commun entre les accusés de viols au procès de Dominique Pélicot et les prostitueurs « acheteurs d'actes sexuels » qui défilent aux stages : une vision utilitariste de la femme réduite peu ou prou au statut d'objet de leur plaisir sexuel. Gare à elles si elles s'émancipent, répondent, disent Non... Ils les veulent soumises, sans autorité ni pouvoir, « consentantes »-bâillonnées par le chantage économique et/ou la chimie des drogues. Silencieuses, mortes, faisant semblant d'aimer ça. De gré ou de force.
Quand un des accusés, s'adressant au Président du tribunal, dit : « Vous savez, le mariage, c'est comme un CDI... Et comme dans tout CDI, on a droit à des congés annuels », ici, au même moment, un prostituteur raconte que sa compagne lui a dit non deux fois en deux jours et que donc il s'est vengé en allant solliciter une femme en situation de prostitution. Un autre nous dit qu'il a fait toutes les « copines » de son répertoire, un soir, et comme il « avait envie », et qu'aucune n'était disponible, il est allé sur un site pour en « commander une ».
Les mêmes. La même vision. La même construction. La même attitude. Les mêmes mépris. Les mêmes prétextes. Déresponsabilisés. Victimes d'eux-mêmes, de la société, du gouvernement, de leurs pseudo besoins irrépressibles, de leur stupidité bien commode (« j'ai pas réfléchi »), des femmes... De l'empathie pour eux-mêmes et c'est à peu près tout.
Ce qui s'échange à Mazan en fait plus que toutes les campagnes de communication contre les violences sexuelles : assez de cette culture du viol entretenue, de ces délires fictionnels des hommes en recherche de leur seule satisfaction éjaculatoire.
Alors nous entendons déjà la face sombre des mâles prendre la mouche et lancer à la volée des : « toutes des Gisèles... » : Non ! Tous des violeurs : Certainement. Il est grand temps d'inverser la charge de la honte. Ce qui compte, ce ne sont pas les interrogations autour du crop-top, du vernis à ongles ou des photos de Gisèle en maillot. Le poids des violences ne doit reposer que sur ceux qui les ont perpétrés. Personne ne les a poussés à les commettre. Elles méritent sanctions pour leurs auteurs et réparations pour leurs victimes, à la hauteur des préjudices subis.
Maintenant, ça suffit.