News
Espace presse

Aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel d’un•e mineur•e de 15 ans : le Conseil Constitutionnel valide la loi du 21 avril 2021.

Le 26 mai dernier, le Conseil Constitutionnel a été saisi par la chambre criminelle de la Cour de cassation d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Cette QPC n°2023-1058, introduite par deux avocats, Maitre Louis Heloun et Maitre Antoine Ory, estimait en partie que l’article 222-23-1 et l’article 222-23-3 du Code pénal, issus de la loi du 21 avril 2021 visant à protéger les mineur•e•s des crimes et délits sexuels et de l’inceste, étaient contraires au principe de la présomption d’innocence, et donc non conformes à la Constitution. Le Conseil Constitutionnel a confirmé les dispositions du code pénal : explications.

 

 

 

Que prévoit la loi du 21 avril 2021 ? :

 

Pour rappel, l’article 222-23-1 du Code pénal prévoit que « hors le cas prévu à l’article 222-23, constitue également un viol tout acte de pénétration sexuel, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis par un majeur sur la personne d’un mineur de quinze ans ou commis sur l’auteur par le mineur, lorsque la différence d’âge entre le majeur et le mineur est d’au moins cinq ans. »

 

L’article 222-23-3 du Code pénal dispose que « les viols définis aux articles 22-23-1 et 222-23-2 sont punis de vingt ans de réclusion criminelle ».

 

Il est important de rappeler que la loi de 2021, défendue à l’époque par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, a été adoptée dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles sur les mineur•e•s et a pour objectif qu’aucun•e majeur•e ne puisse se prévaloir du consentement sexuel d’une personne mineure qui n’a pas encore 15 ans.

 

Grâce à ces deux articles, si un•e majeur•e a un rapport sexuel avec un•e mineur•e de 15 ans ou moins, et que la différence d’âge entre les deux est d’au moins 5 ans, alors le/la majeur•e est présumé•e coupable d’un viol. Cette présomption étant irréfragable, elle ne peut être renversée.

 

La protection des mineur•e•s de 15 est alors au cœur de ces articles car avant la loi de 2021, le viol n’était caractérisé que si le/la mineur•e démontrait la violence, la contrainte, la menace ou la surprise de l’acte. Dans de nombreux cas, à cause de la difficulté à prouver l’une de ces modalités, les cas de viols sur mineur•e•s étaient requalifiés en atteinte sexuelle, c’est-à-dire un délit et non plus un crime, ce qui change le quantum de la peine. 

 

La saisine du Conseil constitutionnel :

 

C’est alors en ayant pleine conscience de cette protection accordée par le Législateur envers les mineur•e•s de 15 ans ou moins, que Maitre Heloun et Maitre Ory ont présenté leurs arguments à l’encontre des articles 222-23-1 et 222-23-3 du Code pénal, les estimant contraires à la Constitution.

 

Leur argumentaire portait principalement sur un constat : Ces articles ne prévoyaient plus l’obligation pour la victime mineure d’un viol de démontrer que l’acte sexuel avait été réalisé par la violence, la contrainte, la menace ou la surprise. Cela instaurait donc une présomption irréfragable de culpabilité qui serait contraire au principe de la présomption d’innocence et aux droits de la défense.

 

Le 21 juillet 2023, les Sages du Conseil constitutionnel ont rendu leur décision n°2023-1058 QPC : https://vu.fr/vcAE. Le Conseil Constitutionnel a décidé que les dispositions du Code pénal n’ont pas pour but d’instaurer une présomption de culpabilité sur les auteur•e•s majeur•e•s. En rappelant l’article 9 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 selon lequel « tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable », le Conseil constitutionnel considère que le Législateur ne peut pas instituer une présomption de culpabilité en matière répressive. Le Conseil décide donc que ces articles ne contreviennent pas au principe de présomption et ne méconnaissent pas les droits de la défense.

 

En bref, le Conseil constitutionnel estime que les articles 222-23-1 et 222-23-3 du Code pénal sont conformes à la Constitution. Ainsi, des mineur•e•s de moins de 15 ans ne sont pas en mesure de donner leur consentement en ce qui concerne une relation sexuelle avec un•e majeur•e ayant au minimum 5 ans de plus qu’eux. Par cette décision, le Conseil Constitutionnel appuie l’avancée faite en termes de protection des mineur•e•s et la lutte contre les violences faites aux enfants.

 

La Fondation Scelles se félicite de cette prise de position du Conseil constitutionnel et met en garde sur les éventuelles tentatives d’échec de la loi du 21 avril 2021 de personnes malintentionnées qui ne verraient aucun problème à admettre qu’un•e mineur•e puisse accepter de lui-même d’avoir une relation sexuelle avec un adulte. Surtout que cette problématique existe malheureusement concernant l’achat d’actes sexuels d’une personne majeure envers un•e mineur•e de moins de 15 ans. Nous nous devons de rester vigilants afin de conserver les outils législatifs ou autres mis à disposition, afin de protéger les mineur•e•s.

 

Maine: The First State in the US to Adopt the Nordic Model

Le Maine, 1er état américain à adopter le modèle d'égalité : décriminalisation des personnes prostituées et pénalisation des clients et des proxénètes

On July 11th, 2023, Maine became the first U.S. state to adopt the Nordic Model[1] with the passage of two key laws, one aimed at reducing commercial sexual exploitation and the other at providing aid to its survivors. As a reminder, a vast majority of states in the U.S. still adhere to starkly prohibitionist policies that punish all individuals involved in the system, including those subjected to prostitution. These new laws mark a major step forward; they remove penalties for those subjected to prostitution, thus abolishing it as a crime. This does not mean, however, that the entire system has been decriminalised. While prostitution is no longer penalised, sex buyers—also ‘clients’—and other exploiters, such as pimps, remain subject to severe penalties for the violence they perpetuate.

 

Not only do these measures remove previously leveraged penalties for prostitution; they also put in place essential support services to survivors of the prostitution system, guaranteeing them certain fundamental rights and thus enabling them to exit prostitution without fear of discrimination in terms of housing or employment.

 

This legislative breakthrough builds on the equality model, first pioneered in Sweden in 1999, which has proven to successfully target the ‘clients’—of whom the overwhelming majority are men—who are the driving force of demand in the global sex trade. It is also the result of the enduring commitment of survivors and the organisations such as Just Love Worldwide that support them. The efforts of Congresswoman Lois Galgay Reckitt along with those of partners such as the Coalition Against Trafficking in Women (CATW), Rights4Girls, World Without Exploitation and the National Centre on Sexual Exploitation were also instrumental in effectuating these changes.

 

In passing these laws, the state government of Maine is aligning itself with universal human rights principles, adhering to international law and U.S. federal policy that advocate for the total abolition of the buying and selling of human beings, including for the purpose of sexual acts. This victory is a significant step towards equality for women and girls; it places Maine’s government alongside those of Sweden, Iceland, Norway, Canada, Northern Ireland, France, the Republic of Ireland, and Israel, all of which are committed to fighting demand to prevent sexual exploitation and putting an end to the prostitution system.

 

This bold new approach marks a decisive transition towards a more egalitarian society, prioritising the rights and dignity of those subjected to prostitution while holding accountable those who perpetuate this criminal exploitation. The Fondation Scelles welcomes this major step forward and calls for continued global efforts to abolish prostitution and promote the Nordic Model to achieve collective emancipation.



[1] The Swedish model, later referred to as the Nordic model as it largely followed beyond Sweden, implements the decriminalisation and support of persons involved in prostitution, the criminalisation of the purchase of sex acts, the criminalisation of sex buyers and procurers, public awareness, and prevention (Fondation Scelles, Sexual Exploitation: New Challenges, New Answers, 2019, pg. 145).  

 

 

 

" LUTTE CONTRE LE SYSTÈME PROSTITUTIONNEL : AVANCÉES ET FREINS "

article Grasco Juillet 2023

Extrait de l'article publié dans la Revue du Grasco N°40, juillet 2023

" En février 2023, au cours d’un comité interministériel consacré au suivi de la mise en oeuvre de la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Lonvis-Rome, définissait la loi comme étant « une loi qui renverse l’ordre établi ».

Adoptée le 13 avril 2016, après des mois d’âpres débats et plusieurs aller-retours entre l’Assemblée nationale et le Sénat, la loi 2016-444 a pour objectif de « faire prendre conscience que la prostitution est dans l’immense majorité des cas une violence à l’égard des personnes démunies et une exploitation des plus faibles par des proxénètes, qu’ils agissent de manière individuelle ou dans des réseaux réalisant des profits très élevés, la traite des êtres humains se cumulant souvent avec d’autres trafics » et une violence faite aux femmes, la loi s’inscrivant dans le cadre de la politique de lutte contre les violences faites aux femmes et d’égalité entre les femmes et les hommes "

 

>>> Article intégral (Page56) sur la revue du Grasco :

http://larevuedugrasco.eu/2023/07/07/n40-juillet-2023/

 

Pour aller plus loin :

>>> Une 2e évaluation locale de la mise en œuvre de la loi 2016-44 Pourquoi ? Comment ? Quels résultats ?

 

 

Prostitution in Germany: Homicides and attempted homicides (Jan. 2002 - Apr. 2023)

Ginka

On January 1, 2002, the Prostitution Act (Prostitutionsgesetz, ProstG) came into force, significantly decriminalizing and largely legalizing the purchase and advertising of "sexual services." However, this groundbreaking legislative push, originally intended to strengthen the rights of prostituted people, proved counterproductive: it also entailed that third-party profiting, procuring/recruiting, organizing, and managing of prostitution (e.g., de facto pimping and brothel-keeping) were presumptively legal. Soon, large German cities saw new high-rise buildings hosting “mega” brothels and the number of prostituted persons in Germany increased approximately by four times. Men from all over the world began traveling to Germany to buy “cheap sex.” The dark side of this development: up to and including April 2023, at least 85 homicides of prostituted persons committed by clients or persons from the milieu have been documented; in addition, there have been at least 49 attempted homicides designated as such by German law. Since legal categories may mean different things in different countries (hence, to clarify the use of terms), "homicide" is used as the translation of the general German term "Tötungsdelikt". The countless other acts of violence have not been added to the numbers, including (attempted) homicides committed outside of prostitution (the categories are sometimes overlapping) and those with an uncertain background.

 

On July 1, 2017, the ProstG was replaced by the Prostitutes Protection Act (Prostituiertenschutzgesetz, ProstSchG), purportedly to protect prostituted people and fight criminal activities. The legislators acknowledged that the real profiteers of the ProstG were not the prostituted persons but third-parties such as pimps, brothel owners, escort agents and agencies, and well-organized criminal gangs and syndicates working in the background. However, the legislative changes were ultimately only minimal. Unsurprisingly, then, between July 2017 and April 2023 alone, there were at least 17 homicides of prostituted persons committed by clients or people from the milieu; in addition, at least 10 attempted homicides were committed during this period.

 

As the crimes committed against prostituted people are not listed separately in the German police statistics, media sources must be consulted to acquire accurate information. The following list is constantly updated and necessarily incomplete, the homicides/attempts underreported, hence: "at least…".

 

>> See the list

tweets by Fond_Scelles

The Scelles Foundation in the press

  • (ES - Milenio) El ser humano no está a la venta
    El periodismo necesita inversión. Comparte este artículo utilizando los íconos que aparecen en la página. La reproducción de este contenido sin autorización previa está prohibida.
    El periodismo necesita inversión. Comparte este artículo utilizando los íconos que aparecen en la página. La reproducción de este contenido sin autorización previa está prohibida.