Vous vous demandez pourquoi le Sénat bloque depuis décembre 2013 l'adoption définitive de la proposition de loi visant à dépénaliser les personnes prostituées et à sanctionner l'achat d'un acte sexuel ? La réponse est sociologique et statistique : la « Chambre haute » est composée de 74% d'hommes et de 26% de femmes. Sa moyenne d'âge est de 65 ans. Or au Sénat, comme dans la société, les chiffres sont explicites (VOIR NOS 5 FAITS CI-DESSOUS). Les femmes et les jeunes sont favorables à la pénalisation des clients de la prostitution, alors que les hommes, surtout âgés, défendent encore le droit de disposer sexuellement et financièrement du corps des femmes.
Ne laissons pas se développer à Paris des nouvelles formes de prostitution.
Nous assistons aujourd’hui à l'explosion du nombre d’ouverture de salon de massage à Paris. On en comptait 575 en 2014 ! Parmi eux, près de 300 (selon les chiffres de la Préfecture), pourraient faire l'objet d'activité de proxénétisme et font l'objet d'une attention particulière des services de police. Pourtant le phénomène continue à se développer.
Ils ont tenu parole. Ce vendredi 12 juin est à marquer d'une pierre blanche pour l'abolitionnisme en France. Nos députés n'ont pas reculé au moment du passage en deuxième lecture à l'Assemblée nationale de la proposition de loi visant à lutter de manière globale contre le système prostitutionnel. La navette parlementaire repart vers le Sénat avec un texte proche de celui voté en première lecture.
Dès 2010, R.J. DiGiacomo[1] montrait comment la prostitution tenue par le crime organisé pouvait devenir une source de financement d’activités terroristes. Depuis juin 2014 et la “proclamation du Califat” par le groupe terroriste Daech, une logique de profits issus de l’exploitation sexuelle apparaît de plus en plus nettement à tel point que l’ONU parle désormais d’un terrorisme sexuel[2] délibéré. Logique qui fait des émules au sein des autres groupes notamment sur le continent africain (Boko Haram, Chebabs, AQMI etc…). Les femmes sont les premières victimes. L’exploitation sexuelle ne prend pas seulement le visage du profit : aux côtés de la prostitution et de ses trafics, les témoignages sur les viols et les mariages forcés se multiplient…
Par Christine Lazerges, Présidente de la CNCDH,
Le 14 mai 2014, après quatre ans de travaux menés en partenariat avec les associations spécialistes de la question, le conseil des ministres a adopté un Plan d'action national contre la traite des êtres humains. Ce Plan a fait l'objet d'une annonce par le Président de la République. Il comporte une série d'engagements visant à améliorer l'identification et l'accompagnement des victimes ainsi que la poursuite des auteurs. Il appelle à la mise en œuvre d'une véritable politique publique pour lutter contre la traite, et, dans ce cadre, confie à la CNCDH, autorité administrative indépendante, le mandat de Rapporteur national chargé notamment de collecter des données et d'évaluer les politiques publiques.