-C’est pas possible y’a bien un truc qui vous fait soulager quand même.
-Ah tiens, voilà ce qui pourrait me soulager.
[Des femmes passent dans la rue. La caméra zoome sur leurs fesses.]
-Ah bah ça, on est tous malades à ce niveau là. Je suis peut-être même plus malade que vous.
Extrait du film Intouchables (2011) d’Eric Tolédano et Olivier Nakache
Scène du film Intouchables (2011) (Capture d’écran https://www.youtube.com/watch?v=p9i_KZ5K9Nw )
Le film Intouchables reprend l’histoire vraie de Philippe Pozzo di Borgo richissime tétraplégique interprété par François Cluzet et de son assistant fauché Abdel Yasmin Sellou, joué par Omar Sy. Un vrai « feel-good movie » franchouillard, le film a été brandi comme un manifeste antiraciste de fraternelle solidarité, un exemple touchant d’hommes qui s’unissent malgré le fossé d’inégalités qui les séparent. Solidarité fraternelle justement car les femmes ne bénéficient pas de la même bienveillance. Dans une scène du film, le personnage d’Omar Sy offre un « petit cadeau » à son cher ami : deux femmes prostituées asiatiques venues masser les oreilles de l’un avec peut-être « happy end » pour l’autre[i].
Ailleurs, des parents s’affichent tout sourire : « J’ai appris à Hugo à se masturber à l’âge de 12 ans»[ii]. Que c’est mignon. Il suffit d’être en situation de handicap pour que les mots « inceste » et « abus sexuel (de mineur.e.s) » disparaissent. Vous subissiez déjà des discriminations structurelles à cause du manque de moyens étatiques ? Très bien maintenant vous subirez aussi du manque de protection de votre sexualité au seul motif de votre handicap.
Un énième débat sur la notion d’ « assistanat sexuel » est l’occasion de rappeler que cette pratique est discriminatoire aussi bien pour les personnes en situation de handicap que pour les « assistants » mais surtout les « assistantes sexuelles ». La notion renforce la perception des personnes en situation de handicap comme des individus assistés en réduisant leur autonomie jusque dans leur sexualité. Elle permet de plus d’instrumentaliser ces personnes pour normaliser la prostitution. Le tout dénote une vision assez négative de la sexualité, à subir, offrir, marchander mais jamais à désirer. >>>
Image tirée du site Paroles de clients (https://prostitueurs.tumblr.com/).
Si les nouvelles technologies sont de formidables outils au quotidien, les médias traditionnels soulignent de plus en plus les abus qui peuvent en être fait. Par exemple, la diffusion en direct de la tuerie de Christchurch en Nouvelle-Zélande a soulevé la question de la responsabilité des réseaux sociaux dans la diffusion d’images d’actes de violence. Mais il y a des actes de violence qui ne sont pas perçus comme tels et qui ne sont donc pas médiatisés comme ils le devraient : il s’agit des actes de violences prostitutionnels qui se sont intensifiés et démultipliés à l’aide des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les véritables détenteurs du choix dans la prostitution, les hommes, qu’ils soient du côté de la demande et donc clients-prostitueurs ou du côté de l’offre et donc proxénètes, en profitent pleinement. >>>
Jeudi 30 janvier 2020, la Fondation Scelles clôturait la 6ème édition des Prix Jeunes contre l'exploitation sexuelle lors de la cérémonie de remise des Prix au Hasard Ludique (Paris 18). Lors de cette soirée, en plus des candidat-e-s qui ont pu faire le déplacement, nous recevions plusieurs invité-e-s et intervenant-e-s de tous horizons. L'occasion d'informer, discuter et sensibiliser autour de certains enjeux modernes de la prostitution. Retour sur ce temps fort du mois de janvier.
--> vers le site des Prix Jeunes 2019
Article de Catherine Goldmann de l'Observatoire International à lire dans la revue EMPAN, n°116, « Migrants : accueillir malgré tout »
https://www.editions-eres.com/ouvrage/4534/migrants-accueillir-malgre-tout
Victimes de conflits armés ou de catastrophes naturelles, ou fuyant la précarité et/ou les discriminations ethniques et religieuses, des femmes quittent leur pays pour leur survie. En 2016, au moins 115 000 femmes ou jeunes filles (soit un tiers des 360 000 personnes réfugiées sur cette zone) sont arrivées sur les côtes européennes via les routes méditerranéennes. Pour ces femmes et ces jeunes filles, le prix de la migration sera lourd : agressions sexuelles, viols, prostitution, mariages forcés… Pour elles, la violence est partout et à toutes les étapes de la migration, pendant le voyage, comme dans les pays d’accueil jugés les plus sûrs.
Une violence omniprésente et insidieuse, des mineur-e-s surexposé-e-s, un phénomène encore trop méconnu et sous-estimé… C’est le constat alarmant dressé lors du colloque « Cyberviolences – Cybercriminalité », co-organisé par le Conseil national des femmes françaises (CNFF) et la Fondation Scelles, le 2 décembre dernier au Sénat.